Denis Richard, lauréate

Biographie

Dès l’obtention de son doctorat, Denis Richard désirait valoriser les connaissances qu’il avait acquises durant ses études et les mettre au service de la société. À 63 ans, le réputé physiologiste peut être fier non seulement d’avoir relevé ce défi avec brio, mais aussi de faire partie des meilleurs chercheurs au monde dans le domaine de l’obésité. Il se démarque comme étant un pionnier et l’un des leaders internationaux dans l’étude des mécanismes régissant le contrôle de la prise alimentaire et de la dépense énergétique, des facteurs déterminants de l’obésité. Ses quelque 265 articles scientifiques ont été cités à plus de 12 500 reprises, dont près de 5 000 fois au cours des cinq dernières années. Récemment, il a été invité à rédiger un article sur la balance énergétique et l’obésité dans la prestigieuse revue médicale Nature Reviews Endocrinology, article qui résume bien ses travaux et dont l’influence dans le milieu scientifique est considérable.

Le parcours exceptionnel du Dr Richard et sa contribution à la recherche lui ont valu prix et distinctions. Il a ainsi reçu en 2012 la médaille Gloire de l’Escolle de l’Université Laval, un honneur réservé aux Grands Diplômés de cet établissement d’enseignement. Il a également remporté le Prix 2008 des fondateurs Jean-Davignon et Paul-Lupien de la Société québécoise de lipidologie, de nutrition et de métabolisme. En outre, il est membre de l’Académie canadienne des sciences de la santé depuis 2009. Mais plus que tout, le Dr Richard se dit fier d’avoir toujours participé au développement de la recherche, et d’être resté productif et compétitif dans son domaine, en portant à la fois les chapeaux de chercheur et de directeur de recherche. En effet, en plus de son poste de professeur titulaire à la Faculté de médecine de l’Université Laval, le lauréat du prix Armand-Frappier est également directeur du Groupe interdisciplinaire de recherche sur l’obésité et titulaire de la Chaire de recherche sur l’obésité de l’Université Laval, ainsi que directeur du Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ).

« Le Dr Richard représente pour moi l’idéal du chercheur biomédical, combinant une rigueur et une intégrité scientifiques inébranlables, un appui continu à la formation de la relève, une vision clairement définie menant à des progrès scientifiques sur le long terme, ainsi qu’un leadership inspirant pour l’organisation et le développement des instituts scientifiques au Québec et au Canada », témoigne André Carpentier, endocrinologue et professeur au Département de médecine de l’Université de Sherbrooke. Le Dr Carpentier a collaboré avec Denis Richard, et avec François Haman de l’Université d’Ottawa, à établir un vaste programme de recherche innovateur qui a confirmé le rôle important du tissu adipeux brun chez l’humain. Les trois scientifiques ont d’ailleurs cosigné un article dans le prestigieux Journal of Clinical Investigation, qui explique comment la graisse brune peut contribuer à brûler des calories chez l’humain en favorisant la dépense énergétique. De ces travaux est né COLOSSUS (Complications de l’obésité à l’Université Laval et à l’Université de Sherbrooke), un partenariat de recherche interinstitutionnel unique dirigé par les Drs Carpentier et Richard et portant sur l’imagerie moléculaire du diabète, de l’obésité et des complications cardiovasculaires.

C’est avec son directeur de doctorat et son mentor Jacques Le Blanc, grand spécialiste de la physiologie et de l’adaptation au froid et lauréat du prix Marie-Victorin 1989, que Denis Richard s’intéresse d’abord à la graisse brune. « On savait à cette époque que ce tissu produisait beaucoup de chaleur et contribuait à augmenter la dépense énergétique chez les mammifères, raconte le chercheur. On doutait cependant de l’existence de cette graisse chez l’humain, jusqu’à ce que des études d’imagerie médicale réalisées au cours de la dernière décennie en révèlent sa présence. » L’intérêt que porte le chercheur à la graisse brune émerge de sa préoccupation à étudier de manière intégrée les mécanismes de régulation du bilan d’énergie. « L’équilibre énergétique dépend de contrôles exercés non seulement sur la prise alimentaire, mais aussi sur la dépense énergétique à laquelle contribue la thermogenèse de la graisse brune », révèle-t-il. Denis Richard cherche de fait à déterminer quels circuits et mécanismes neuronaux régissent les contrôles de la prise alimentaire et de la thermogenèse, ce processus de production de chaleur par l’organisme notamment par l’activation du métabolisme ou du tissu adipeux brun. Il veut ainsi comprendre les causes de l’obésité et élaborer des approches de prise en charge de cette maladie.

À travers tous ses projets de recherche et la production d’articles scientifiques, le professeur Richard a pris depuis 2000 les rênes de l’IUCPQ. En quelques années, il a réussi le tour de force de tripler l’espace de recherche et le nombre de chercheurs de l’institut. La quantité de publications scientifiques explose elle aussi. Sous sa gouverne, l’IUCPQ est devenu un centre de recherche majeur sur les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires et respiratoires, ce qui inclut l’obésité. L’IUCPQ abrite un fort contingent de chercheurs en obésité rattachés à l’Université Laval, ce qui en fait l’un des vingt meilleurs instituts de recherche sur l’obésité sur plus de trente mille à l’échelle internationale. Mais la grande réussite du chercheur est d’avoir contribué à faire de l’obésité un lien central entre toutes les activités cliniques et scientifiques de l’institut spécialisé en cardiologie et en pneumologie. « Les maladies cardiaques et pulmonaires forment avec l’obésité un ensemble de problèmes interreliés que l’on qualifie de maladies chroniques sociétales, qui s’étudient de manière intégrée », affirme le physiologiste. Si le Centre de recherche de l’IUCPQ est aujourd’hui devenu un chef de file international, c’est en grande partie grâce au Dr Richard et à sa vision avant-gardiste.

Dans les prochaines années, le chercheur s’attaquera à la cinquième phase d’agrandissement de l’IUCPQ. Il veut également épauler la relève scientifique dans le défi de la recherche de financement. « J’aimerais redonner aux plus jeunes ce que j’ai reçu, en faisant bouger les choses du côté administratif », dit celui qui est animé par le même goût de la recherche qu’à la fin de ses études. Et question de donner le bon exemple, ce fervent défenseur des saines habitudes de vie continue à s’entraîner, notamment à la course à pied.

Information complémentaire

Membres du jury :
Johanne Charbonneau (présidente)
Daniel Bouthillier
Louise Proulx
Marc-André Sirard
Normand Bourbonnais (Absent de la plénière)

Texte :
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